Je suis dans un village isolé des montagnes du nord Vietnam. Une famille a disposé son téléviseur, l’unique dans le village, de façon à ce que les voisins puissent venir avec leur tabouret sous le bras, s’installer face à l’écran magique. Ce soir, ils sont une dizaine d’adultes et deux fois plus de gamins à boire un téléfilm mexicain à l’eau de rose. Ils m’ont invité à partager le spectacle.
A force de copier les Américains, les Mexicains ont réussi à créer des émissions aussi tartes que les leurs. Nul ne saura jamais comment cette soupe audiovisuelle est arrivée jusqu’au téléspectateur vietnamien, mais elle est là et captive le village.
Les dialogues n’ayant pas été doublés par des acteurs vietnamiens, quand le bellâtre, macho à moustache, clame une ardente flamme à sa dulcinée, une voix off féminine lit son texte avec le même enthousiasme qu’elle mettrait à lire un règlement d’administration pénitencière. Le résultat est transportant d’émotion ! Une certaine confusion nait de ce que la seule et même voix off interprète tous les personnages. Heureusement, le niveau du scénario fait que l’histoire serait intelligible à un malentendant.
Mes voisins sont aussi captivés que je suis consterné. Quelqu’un écrivit un jour que la télévision est une fenêtre ouverte sur le monde…
Quel est l’argument qui a fait acheter ce genre de production ? Le prix ! Les Mexicains vendent cette bouillie télévisée pour trois fois rien, ce qui représente tout de même le triple de sa valeur…
Christian Vérot
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