Chaque année la fin du festival marque pour plusieurs organisateurs le temps du départ. C’est le cas d’Annie et Pierre qui ont pris la route vers l’Écosse et nous font partager un peu de leur voyage.
« Difficile de se concentrer sur l’écriture alors que 3 lapereaux font la farandole à quelques mètres du véhicule… Les lapins sont plus coopératifs que les loutres que nous avons tenté d’apercevoir lors d’un long affût près du rivage !
Nous avons quitté le Forez depuis trois semaines. Une première étape nous a conduits à Dunkerque pour une traversée vers Douvres. Trois heures de retard au débarquement. La nuit était tombée. Premiers miles de conduite à gauche dans un flot de camions aux mains de chauffeurs intrépides. Notre voyage ne débute vraiment que deux jours plus tard lorsque nous dépassons Glasgow en direction du nord.
J6. Île de Mull. Nous voyageons entre pluie, vent, brouillard et quelques instants lumineux dans des paysages de montagnes usées. Les genêts jettent leurs teintes jaunes sur la bruyère brûlée par l’hiver. Près des côtes, les moutons s’engraissent du vert des prairies cernées de murets de pierre. Pas de souci de conduite à droite ou à gauche sur les routes que nous empruntons : elles sont à voie unique et si étroites qu’un défaut d’attention nous ferait quitter le ruban asphalté pour le fossé noyé d’eau ou une pierre tapie sous la mousse.
Quelques heures de navigation conduisent à l’île de Staffa, spectaculaire chaos de basalte émergeant de l’écume des vagues puis à celle de Lunga, où les macareux réaménagent pour une nouvelle ponte les terriers abandonnés à la fin de l’été passé.
J10. Île de Skye. Nous sommes installés sur un relief dominant la mer. Au loin quelques phoques se confondent avec le gris des rochers léchés par la marée. Si la chance nous sourit peut-être apercevrons-nous le mouvement d’une baleine de Minke ou d’un groupe de dauphins.
Pourquoi ce nouveau voyage ? Pour le plaisir de la route, l’incertitude des étapes au bout d’un chemin de terre, le long d’un canal, sur une falaise dominant la mer, dans le vent froid d’un col… Et la lenteur. Et la solitude. Nous aimons ce mode de vie nomade, ces journées où rien n’est vraiment prévu mais dont on espère des belles rencontres, de menus émerveillements.
J14. 1 h30 de ferry pour l’île de Lewis dans l’archipel des Hébrides extérieures avant un prochain retour sur le « continent écossais ». Il y a quatre mille ans, sur quelques reliefs de l’île, des femmes et des hommes ont dressé en cercle des monolithes de pierre pour y honorer les esprits. Une présence invisible hante toujours les lieux. Tout au nord, des falaises noires, remparts têtus contre la furie de l’océan, abritent fous de Bassan, cormorans huppés et fulmars boréals. Notre véhicule est un refuge douillet dans ce monde de reliefs sombres, de pluie et de vent. »
Annie et Pierre
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