Nous découvrons l’Arménie lors d’un voyage de 4 mois à bord d’un petit camping-car 4×4.
Après quelques jours passés dans la fournaise de Erevan, nous escaladons les pentes du Mont Aragatz à trois heures de la Capitale.
Des pentes en lacets serrés nous transportent à 3 000 m d’altitude. La montagne de l’Aragatz, c’est le royaume des Kurdes yézidis. Contrairement aux autres Kurdes, les Yézidis ne sont pas musulmans mais héritiers du paganisme des anciens Perses. Chaque campement se compose d’une tente servant de lieu communautaire et d’atelier pour la confection du fromage, d’une roulotte aux allures de petit wagon utilisée comme chambre à coucher.
Pour échanger avec les bergers, il faut passer le barrage des chiens, molosses aux oreilles coupées qui protègent le bétail des attaques des loups. Leurs aboiements font sortir de la tente deux femmes occupées à préparer le panir, le fromage de brebis. On nous invite sous la toile pour un café, un verre de vodka, une tomate, un concombre, le pain et le fromage. Arrive de la plaine une famille venue échanger ses produits : fruits et légumes contre fromage. On prend place pour un nouveau repas et une nouvelle rasade de vodka… Le soir venu, les troupeaux rentrent au campement avec en fond de scène le Mont Ararat nimbé dans la chaleur de la plaine.
PS. Après notre rencontre avec les bergers de l’Aragatz, nous apprenons que les Yézidis sont massacrés en Irak. Dans un journal arménien, deux images ont été mises en parallèle : la première montre la fuite de villageois arméniens d’Anatolie en 1915 devant la charge de soldats ottomans ; le second cliché date de quelques jours. C’est celui de la détresse de bergers yézidis irakiens face aux crimes des intégristes musulmans pour qui la religion n’est que le prétexte à une folie sanguinaire.
Annie et Pierre Régior
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