Aux confins de la Mongolie, de la Chine, de la Russie et du Kazakhstan jaillit l’Altaï, forteresse tartare dans un décor d’austères massifs frangés de glaciers, creusés de lacs et de combes caillouteuses.
L’Histoire a installé là des tribus kazakhes, femmes et hommes au regard clair, aux pommettes hautes, au parler proche des nomades kirghizes et ouzbeks. Comme les autres Mongols, les 140 000 Kazakhs sont des éleveurs nomades. Mais la pauvreté des pâturages de l’Altaï limite l’importance des troupeaux et rend plus précaire l’existence.
Dans l’Altaï, plus encore que dans le reste de la Mongolie, le respect des traditions s’impose dans la vie de tous. Sans doute la volonté d’exister pour un peuple isolé… Nous sommes transportés hors du temps ; les seules notes insolites sont une antenne parabolique, un téléviseur noir et blanc et la sonnerie erratique d’un téléphone mobile.
La rencontre avec Hairatkhan est un de ces moments magiques que le destin a placé sur notre longue route mongole. On pousse la porte de sa yourte et on s’ébroue du froid et de la poussière devant un bol de thé salé au lait de yack, dans le ronronnement du poêle chargé d’argal. L’arrivée de l’automne est un moment important : Hairatkhan doit préparer son aigle à une nouvelle saison de chasse.
Décembre, retour dans l’Altaï. Le froid cerne de bleu les montagnes et fige pour de longs mois la surface des lacs. Les éleveurs kazakhs ont abandonné les yourtes pour des maisons en pisé installées sur le versant ensoleillé des reliefs. Nous retrouvons Hairatkhan, l’aiglier, mais aussi Kazan, le cavalier-lutteur, Guljamal, gardienne des traditions de son peuple. Journées de chevauchée, soirées de chants accompagnés de la dombra, nuits de glace que déchire la plainte des loups.
Annie et Pierre Régior parcourent la planète : de l’Afghanistan au Japon, de la Syrie à l’Islande, du Mexique à l’Indonésie, de l’Alaska à l’Antarctique… Ils voyagent 5 mois en Mongolie au cours des années 2010 et 2011, des hauts pâturages de l’Övörkhangai au Désert de Gobi, des rives du Lac Khövsgol au Massif de l’Altaï. Leur témoignage est un hymne aux éleveurs nomades de la steppe mongole.
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